samedi 24 mai 2014

« Mutter » / « Donaukinder » - Mutter / Liebe ist für alle da



Mutter

Die Tränen greiser Kinderschar
Sich zieh sie auf ein Weißes Haar
Werf in die Luft die nasse Kette
Und wünsch mir dass ich eine Mutter hätte
Keine Sonne die mir scheint
keine Brust hat Milch geweint
In meiner Kehle steckt ein Schlauch
Hab keinen Nabel auf dem Bauch

Mutter, Mutter
Mutter, Mutter

Ich durfte keine Nippel lecken
Und keine Falte zum verstecken
Niemand gab mir einen Namen
Gezeugt in Hast und ohne Samen

Der Mutter die mich nie geboren
Hab ich heute Nacht geschworen
Ich werd ihr eine Krankheit schenken
Und sie danach im Fluss versenken

Mutter, Mutter
Mutter, Mutter
Mutter, Mutter
Mutter, Mutter

In ihren Lungen wohnt ein Aal
Auf meiner Stirn ein Muttermal
Entferne es mit Messers Kuss
Auch wenn ich daran sterben muss

Mutter, Mutter, Mutter, Mutter

In ihren Lungen wohnt ein Aal
Auf meiner Stirn ein Muttermal
Entferne es mit Messers Kuss
Auch wenn ich verbluten muss

Mutter, oh gib mir Kraft
Mutter, Mutter
Oh gib mir Kraft
Mutter, Mutter
Oh gib mir Kraft
Mutter, Mutter
Oh gib mir Kraft

Donaukinder


Donau quellt ein Aderlass
Wo Trost und Leid zerfließen
Nichts gutes liegt verborgen nass
In deinen feuchten Wiesen

Keiner weiß was hier geschah
Die Fluten rostig rot
Die Fische waren atemlos
Und alle Schwäne tot
An den Ufern in den Wiesen
Die Tiere wurden krank
Aus den Auen in den Fluß
Trieb abscheulicher Gestank

Wo sind die Kinder
Niemand weiß was hier geschehn
Keiner hat etwas gesehen
Wo sind die Kinder
Niemand hat etwas gesehen

Mütter standen bald am Strom
Und weinten eine Flut
Auf die Felder, durch die Deiche
Stieg das Leid in alle Teiche
Schwarze Fahnen auf der Stadt
Alle Ratten fett und satt
Die Brunnen giftig, aller Ort
Und die Menschen zogen fort

Wo sind die Kinder
Niemand weiß was hier geschehn
Keiner hat etwas gesehen
Wo sind die Kinder
Niemand hat etwas gesehen

Donau quellt ein Aderlass
Wo Trost und Leid zerfließen
Nichts gutes liegt verborgen nass
In deinen feuchten Wiesen

Wo sind die Kinder
Niemand weiß was hier geschehn
Keiner hat etwas gesehen
Wo sind die Kinder
Niemand hat etwas gesehen






Un autre commentaire comparé : « Mutter » et « Donaukinder » cette fois-ci. Autant dire la vérité, l'idée de confronter les deux textes ne vient pas de moi mais de la page Facebook Donaukinder sur laquelle était écrit hier soir que les deux chansons se faisaient écho, « more or less » (soit dit en passant, la page Donau n'apparait plus sur Facebook ce matin... Mais absolument AUCUNE raison de paniquer...). Je sens que cet article va être un peu long, car j'aimerai dans un premier temps expliquer chacun des deux textes individuellement avant de les confronter.

Commençons donc par « Mutter ». Chanson éponyme de l'album sorti en 2001, elle est en son centre, sorte de pilier qui porte la thématique générale des dix autres chansons. Le narrateur semble adulte, mais il parle de l'enfant qu'il était, et qu'il est encore. Le premier vers souligne ce double aspect puisqu'il évoque « Les larmes d'une bande d'enfants-vieillard » que la narrateur « enfile sur un cheveu blanc / [il] jette ce cordon humide en l'air ». L'image semble dire que le narrateur a vieilli, mais qu'il n'a pas pu grandir, parce qu'il a été abandonné : « J'aurais aimé avoir une mère », dit-il. La suite de ce premier couplet s'attarde sur l'idée d'abandon, de solitude, et surtout de manque d'amour, « Il n'y a aucun soleil qui m'illumine / Aucune poitrine n'a pleuré de lait pour moi ». Il a manqué de tout ce qui est nécessaire à l'homme pour être un humain accompli et sensible, une mère, à la fois nourricière et aimant (les mots du deuxième couplet évoquent exactement cette même idée : « Je ne pouvais téter aucun sein / Je n'avais aucun repli pour m'abriter »). Ainsi, il lui semble qu'il n'est pas humain, qu'il est le résultat d'une expérience purement scientifique dont tout sentiment reste absent : « dans ma gorge, il y a un tube / Je n'ai pas de nombril sur le ventre » et au couplet suivant il ajoute « Conçu à la hâte et sans semence ». Ne connaissant pas ses origines, il souffre aussi de ne pas connaître son identité : « Personne ne m'a donné de nom ». Dans ce contexte, les répétitions de « Maman » évoquent les pleurs de l'enfant cherchant désespérément sa mère.

Il semble que le troisième couplet marque un tournant. Si le début de la chanson évoque la douleur de ne pas savoir d'où on vient, qui on est, d'avoir manqué d'affection et d'amour, c'est la haine qui emprunt la seconde moitié du texte : « À la mère qui ne m'a jamais fait naître / J'ai juré cette nuit / De la rendre malade / Et de la noyer ensuite dans le fleuve ». Reste sous-jacente ici une idée de révolte adolescente. Noyer la mère peut être ici une métaphore représentant le besoin de nier ses parents pour affirmer sa propre identité. Le narrateur enfant n'a beau pas avoir eu de parents, l'adolescent qu'il est ressent tout de même ce violent besoin de révolte. Le couplet suivant, répété à deux reprises, va dans ce sens, mais semble sous-entendre autre chose de plus. En effet, il semble difficile d'interpréter le vers : « Dans ses poumons loge une anguille ». Je ne suis pas sûre de pouvoir bien l'interpréter, je vais donc le faire de manière subjective, dans le but de pouvoir lier « Mutter » à « Donaukinder » toute à l'heure. Il semblerait que le changement qu'il s'opère entre le début du texte et cette deuxième partie est le fait que le narrateur aurait découvert son identité, ses origine, il aurait retrouver sa mère. Et ce qu'il a découvert est inacceptable. L'anguille dans les poumons de la mère représente pour moi la honte et le pécher : elle a fait quelque chose de grave que le narrateur aurait préférer ne jamais découvrir. En effet, maintenant qu'il semble savoir qui est sa mère, « Sur mon visage, il y a une tache de naissance » (ce qui entre en totale opposition avec les premiers et deuxièmes couplets « J' n'ai pas de nombril sur le ventre », etc.), il est encore plus malade qu'il ne l'était en ne connaissant pas ses origine. Désormais il voudrait effacer cette identité, « Sur mon visage, il y a une tache de naissance / Que le baiser du couteau me l'enlève ! », à tel point qu'il est prêt à cesser de vivre, « Même si je dois en mourir ». Alors, ce qu'il a découvert, la raison de son abandon est une chose des plus terrible peut-être révélée dans « Donaukinder ». Mais avant d'y venir un dernier mot sur « Mutter ». Les répétitions de « Maman » qui au début était les pleurs de l'enfant abandonnée, deviennent alors de cris de haine, « Maman qu'as-tu fais ! » semble-il crier. « Oh donne-moi la force » de survivre à cette infamie, de te tuer...


« Donaukinder » narre une sombre histoire, où il est question de maladie, d'épidémie. « Le Danube s'écoule en une hémorragie / Où réconfort et souffrance se répandent » : le mal dont il est question est intimement lié au fleuve, et, paradoxalement (encore une fois!) le fleuve est aussi un « réconfort » face à ce mal. Pourquoi ? Il faut avancer un peu dans l'explication, mais nous y reviendrons. Lindemann insiste sur la description de cette épidémie qui à décimé tout un paysage : « Les flots rouges comme la rouille / Les poissons étaient asphyxiés / Et tous les cygnes morts / Sur les berges, dans les près / Les animaux tombent malade / […], une horrible puanteur / Se déversa dans le fleuve ». Ainsi un mal autour du fleuve fait mourir les être vivant, change l'eau de couleur. Et, là encore, un paradoxe, puisque à la fois le fleuve être la source de l'épidémie, mais quelqu'un ou quelque chose aurait « [déversé] » ce mal dans le fleuve. Quel est ce mal ?

Si un partie du texte insiste sur la description d'un mal déformant toute une région, celle du Danube, l'autre partie à pour thématique principale le secret, le fait de ne pas savoir. Le refrain est essentiellement constitué autour du secret : « Où sont les enfants / Personne ne sait ce qui est arrivé ici / Personne n'a rien vu ». Idée renforcée par le premier vers du deuxième couplet : « Personne ne sait ce qui s'est passé ici ». On insiste ici sur le fait que personne ne peut dire ce qui s'est passé, que personne ne comprend pourquoi tous ces animaux mort, tout ce paysage détruit. Quant aux enfants, sont-ils morts eux aussi ? « Personne n''a rien vu ». Pourtant, des personnes étaient présentes sur la berge : « des mères se tinrent au bord du fleuve / Et versèrent un flots de larmes ». Les enfants se seraient-ils noyés dans le Danube ? Revenons au premier couplet. Plus haut, nous soulignions le fait qu'une épidémie avait d'abord décimé les êtres vivants au bord du Danube, et que, paradoxalement, si la maladie semblait venir du fleuve, on y a déversé le mal dedans. L'interprétation qu'on peut en faire serait : il y a eu une grave épidémie qui a atteint les populations humaines et animales de cette régions, tuant les être les plus faibles, donc les enfants (concernant la nature de la maladie, j'ai envie de dire peu importe, même se l'évocation des « rats repus et gras » peut faire penser à la peste). Tellement le nombre de victime a été grand, les parents n'ont pas pu donner de sépulture aux morts, ils les ont donc jeté dans le fleuve. Leur pêcher a peut-être même été plus grand : de peur de voir les enfants encore en vie atteints pas la maladie, ils ont préféré les noyer.

Cette faute grave explique alors toute cette atmosphère de secret qui pèse autour de ces événements, que l'on ne peut que deviner en négatif. La vérité est que tout le monde sait ce qu'il s'est passé, la population est en deuil, « Des drapeaux noirs sur toute la ville », mais la honte est si grande qu'on n'ose rien dire, qu'on préfère faire comme si on ne savait pas. Le pêcher est si grand, la honte si insupportable, que « les hommes partirent » emportant avec eux le secret. Et seul ce paysage dévasté porte encore les stigmates du drame.


Quel lien faire alors entre « Mutter » et « Donaukinder » ? On pourrait penser que le narrateur s'exprimant dans « Mutter » est un des enfants du Danube rescapé de l'épidémie et de la noyade. Orphelin, il cherche à savoir d'où il vient. Il découvre alors le secret, le drame qui s'est joué sur les berges de Danube. Ainsi la lecture de « Donaukinder » révèlerait l'histoire du narrateur de « Mutter », les deux textes, pouvant être lus et compris de manière indépendante, se font alors écho. Je me demande alors si nous savons quand est-ce que Lindemann a écrit « Donaukinder ». Il ne serait pas impossible que l'écriture de ce texte date de la création de l'album Mutter et que le texte n'ait finalement pas été retenu. Le groupe a-t-il peut-être même travailler sur la composition musicale de « Donaukinder » pendant le période Mutter. Ce n'est qu'une supposition de ma part, mais le solo de guitare de cette chanson me rappelle systématiquement celui que l'on trouve dans « Mein Herz brennt ». De plus, « Donaukinder » ne se trouve pas au cœur de l'album Liebe ist für alle da, mais dans les bonus. Pourquoi, alors qu'il s'agit, selon moi, de l'un des meilleures chanson de l'album ? Peut-être parce qu'ils auraient ressorti et retravaillé une vieille démo datant de leur travail sur Mutter. Absolument rien ne peut confirmer (ou infirmer) mes dires, c'est une réflexion personnelle. D'un autre côté, Lindemann aurait très bien pu écrire les paroles de « Donaukinder » au moment de composer Liebe ist für alle da en référence à Mutter. Quoi qu'il en soit, et peut-importe les dates d'écriture et de composition, les deux textes partagent un lien certain.


1 commentaire:

  1. Bonjour Cyrielle,
    Je vous écris ici car je n'ai pas trouvé d'autre moyen...
    Je me suis lancé dans l'aventure d'écrire un livre sur Rammstein et vos explications de textes m'aident beaucoup à les comprendre (notamment celles sur le forume de R+world).
    Je voulais savoir s'il était possible que vous me communiquiez votre mail ou un quelconque moyen de vous joindre afin d'en discuter avec vous et savoir si cela vous dérangeait ou non que je m'inspire de vos écrits pour mon livre,
    Merci d'avance,
    Victor

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