Ich liebe dich
Ich liebe dich nicht
Ich liebe dich nicht mehr
Ich liebe dich nicht mehr
Ich liebe dich nicht mehr oder weniger als du
Als du mich geliebt hast
Als du mich noch geliebt hast
Die schönen Mädchen sind nicht schön
Die warmen Hände sind so kalt
Alle Uhren bleiben stehen
Lachen ist nicht mehr gesund und bald
Such ich dich, hinter dem Licht
Wo bist du, wo bist du ?
So allein, will ich nicht sein
Wo bist du, wo bist du ?
Die schönen Mädchen sind nicht schön
Die warmen Hände sind so kalt
Alle Uhren bleiben stehen
Lachen ist nicht mehr gesund und balt
Die schönen Mädchen sind nicht schön
Die warmen Hände sind so kalt
Alle Uhren bleiben stehen
Lachen ist nicht mehr gesund und balt
Ich suche dich, hinter dem Licht
Wo bist du, wo bist du?
So allein, will ich nicht sein
Wo bist du, wo bist du?
Ich such dich unter jedem Stein
Wo bist du, wo bist du?
Ich schlaf mit einem Messer ein
Wo bist du, wo bist du?
« Wo bist du ? »
constitue un des textes les plus simples écrit par Lindemann pour
Rammstein. Aucun sens caché a priori. Toutefois, ce texte reste
riche dans la mesure où nous pouvons le comprendre à plusieurs
niveaux.
D'abord, on peut considérer que le
narrateur s'adresse à son amour perdu dont ils évoque l'histoire en
quelques lignes : « Je t'aime / Je ne t'aime pas / Je ne
t'aime plus / […] / Quand tu
m'aimais / Quand tu m'aimais encore ». Depuis le départ de la
femme aimée, plus rien n'a de valeur aux yeux du narrateur, le monde
et froid, le temps stoppe sa course : « Les jolies filles
ne sont pas belles / Les mains chaudes sont si froides / Toute les
montres s'arrêtent / Le rire n'est plus bon pour la santé ».
Alors, seul et triste, en proie à la solitude, dans une sorte de
crise désespérée il fait tout pour retrouver l'être aimé :
« Je te cherche derrière la lumière / Où es-tu, où es-tu ?
/ Je ne peux être aussi seul / Où es-tu, où es-tu ? ».
Ce
premier niveau d'interprétation, considérer que la chanson évoque
une histoire d'amour en particulier, semble un peu trop simpliste. La
dimension du texte est peut-être plus profond, voir autocritique.
Nous pouvons considérer que le narrateur ne s'adresse pas à une
femme aimée et perdue, mais plutôt à l'Amour, en tant qu'idéal,
le grand Amour... En ce sens, le premier couplet, « Je t'aime /
Je ne t'aime pas / Je ne t'aime plus / […] / Je ne t'aime pas plus
ni moins que toi / Quand tu m'aimais / Quand tu m'aimais encore »,
évoquerait avec lassitude toutes les histoires d'amour en général :
le fait de s'aimer puis que le sentiment s'estompe, le fait d'aimer
un être qui ne partage pas nos sentiments, ou encore le jugement
qu'on porte sur les sentiments, c'est à dire est-ce que tu m'aimes
autant que je t'aime...
La
vie est presque ironique, elle nous promet une chose qui n'existe
pas : on souffre de l'absence d'une relation idéale et cette
souffrance est absurde par que l'Amour idéal n'existe pas. Le fait
que le deuxième couplet se répète montre à quel point la solitude
du narrateur est grande, et les questions « Où es-tu, où
es-tu ? » restent sans réponse parce que rien ni personne
ne peut y répondre. L'existence est alors sans saveur, et il ne
reste qu'un désenchantement total : « Je m'endors avec un
couteau ».
En
ce sens, la chanson est porteuse d'un ton sarcastique : le
narrateur est à la fois capable de ressentir la souffrance et la
solitude, et en même temps il voit bien que cette souffrance est
vaine, il a conscience que ce qu'il recherche n'existe pas. Cette
chanson devient alors un regard que Lindemann porte sur lui-même et
sur les être humains en général : comme si nous nous créons
nos propres souffrance, nous nous blessons nous-même avec le couteau
que nous avons sciemment introduit dans notre lit.
Une
fois encore Rammstein propose un texte profond et réflexif sur ce
qu'est la nature humaine, et le sens de nos souffrances intérieures.
L'écriture intelligente de Lindemann donne à lire des textes dans
le texte : ce n'est la simple expression d'une douleur de l'âme
qui est décrite, elle est toujours associée à une pensée plus
détachée, propre à une réflexion sur soi.