vendredi 29 novembre 2013

"Wo bist du ?" - Rosenrot


Ich liebe dich
Ich liebe dich nicht
Ich liebe dich nicht mehr
Ich liebe dich nicht mehr
Ich liebe dich nicht mehr oder weniger als du
Als du mich geliebt hast
Als du mich noch geliebt hast

Die schönen Mädchen sind nicht schön
Die warmen Hände sind so kalt
Alle Uhren bleiben stehen
Lachen ist nicht mehr gesund und bald

Such ich dich, hinter dem Licht
Wo bist du, wo bist du ?
So allein, will ich nicht sein
Wo bist du, wo bist du ?

Die schönen Mädchen sind nicht schön
Die warmen Hände sind so kalt
Alle Uhren bleiben stehen
Lachen ist nicht mehr gesund und balt

Die schönen Mädchen sind nicht schön
Die warmen Hände sind so kalt
Alle Uhren bleiben stehen
Lachen ist nicht mehr gesund und balt

Ich suche dich, hinter dem Licht
Wo bist du, wo bist du?
So allein, will ich nicht sein
Wo bist du, wo bist du?
Ich such dich unter jedem Stein
Wo bist du, wo bist du?
Ich schlaf mit einem Messer ein
Wo bist du, wo bist du?



« Wo bist du ? » constitue un des textes les plus simples écrit par Lindemann pour Rammstein. Aucun sens caché a priori. Toutefois, ce texte reste riche dans la mesure où nous pouvons le comprendre à plusieurs niveaux.

D'abord, on peut considérer que le narrateur s'adresse à son amour perdu dont ils évoque l'histoire en quelques lignes : « Je t'aime / Je ne t'aime pas / Je ne t'aime plus / […] / Quand tu m'aimais / Quand tu m'aimais encore ». Depuis le départ de la femme aimée, plus rien n'a de valeur aux yeux du narrateur, le monde et froid, le temps stoppe sa course : « Les jolies filles ne sont pas belles / Les mains chaudes sont si froides / Toute les montres s'arrêtent / Le rire n'est plus bon pour la santé ». Alors, seul et triste, en proie à la solitude, dans une sorte de crise désespérée il fait tout pour retrouver l'être aimé : « Je te cherche derrière la lumière / Où es-tu, où es-tu ? / Je ne peux être aussi seul / Où es-tu, où es-tu ? ».

Ce premier niveau d'interprétation, considérer que la chanson évoque une histoire d'amour en particulier, semble un peu trop simpliste. La dimension du texte est peut-être plus profond, voir autocritique. Nous pouvons considérer que le narrateur ne s'adresse pas à une femme aimée et perdue, mais plutôt à l'Amour, en tant qu'idéal, le grand Amour... En ce sens, le premier couplet, « Je t'aime / Je ne t'aime pas / Je ne t'aime plus / […] / Je ne t'aime pas plus ni moins que toi / Quand tu m'aimais / Quand tu m'aimais encore », évoquerait avec lassitude toutes les histoires d'amour en général : le fait de s'aimer puis que le sentiment s'estompe, le fait d'aimer un être qui ne partage pas nos sentiments, ou encore le jugement qu'on porte sur les sentiments, c'est à dire est-ce que tu m'aimes autant que je t'aime...

La vie est presque ironique, elle nous promet une chose qui n'existe pas : on souffre de l'absence d'une relation idéale et cette souffrance est absurde par que l'Amour idéal n'existe pas. Le fait que le deuxième couplet se répète montre à quel point la solitude du narrateur est grande, et les questions « Où es-tu, où es-tu ? » restent sans réponse parce que rien ni personne ne peut y répondre. L'existence est alors sans saveur, et il ne reste qu'un désenchantement total : « Je m'endors avec un couteau ».

En ce sens, la chanson est porteuse d'un ton sarcastique : le narrateur est à la fois capable de ressentir la souffrance et la solitude, et en même temps il voit bien que cette souffrance est vaine, il a conscience que ce qu'il recherche n'existe pas. Cette chanson devient alors un regard que Lindemann porte sur lui-même et sur les être humains en général : comme si nous nous créons nos propres souffrance, nous nous blessons nous-même avec le couteau que nous avons sciemment introduit dans notre lit.

Une fois encore Rammstein propose un texte profond et réflexif sur ce qu'est la nature humaine, et le sens de nos souffrances intérieures. L'écriture intelligente de Lindemann donne à lire des textes dans le texte : ce n'est la simple expression d'une douleur de l'âme qui est décrite, elle est toujours associée à une pensée plus détachée, propre à une réflexion sur soi. 

lundi 25 novembre 2013

"Spring" - Rosenrot

Auf einer Brücke ziemlich hoch
Hält ein Mann die Arme auf
Da steht er nun und zögert noch
Die Menschen strömen gleich zuhauf
Auch ich lass mir das nicht entgehen
Das will ich aus der Nähe sehen
Ich stell mich in die erste Reihe
Und schreie

Der Mann will von der Brücke steigen
Die Menschen fangen an zu hassen
Bilden einen dichten Reigen
Und wollen ihn nicht nach unten lassen
So steigt er noch mal nach oben
Und der Mob fängt an zu toben
Sie wollen seine Innereien
Und schreien

Spring
Spring
Spring
Spring
Erlöse mich
Spring
Enttäusch mich nicht
Spring für mich
Spring ins Licht
Spring

Jetzt fängt der Mann zu weinen an
Heimlich schiebt sich eine Wolke
Und fragt sich - Was hab ich getan?
Vor die Sonne, es wird kalt
Ich wollte nur zur Aussicht gehen
Die Menschen laufen aus den Reihen
Und in den Abendhimmel sehen
Und sie schreien

Spring
Spring
Sie schreien
Spring
Spring
Erlöse mich
Spring
Enttäusch mich nicht
Spring für mich
Spring ins Licht
Spring

Heimlich schiebt sich eine Wolke
Vor die Sonne, es wird kalt
Doch tausend Sonnen brennen nur für dich

Ich steig mich heimlich auf die Brücke
Tret ihm von hinten in den Rücken
Erlöse ihn von dieser Schmach, ja
Und schrei ihm nach

Spring
Spring
Spring
Spring
Erlöse dich
Spring
Enttäusch mich nicht

Spring, spring für mich
Spring
Enttäusch mich nicht
Spring



« Spring » correspond à l'une de ces narrations, presque métaphoriques, qui composent Rosenrot. Expression d'un voyeurisme et d'une violence exacerbée, Lindemann choisi une double narration surprenante : le protagoniste qui parle à la première personne est d'abord spectateur de la scène puis en devient l'acteur principal, qui va impulser l'action ; la narrateur donne aussi le point de vue, les sentiments de l'homme sur le pont.

Le premier sens du texte est assez explicite et raconte l'histoire d'un homme qui « Sur un pont assez haut / […] se tient les bras lever ». Alors qu'il « voulai[t] seulement admirer la vue / Et regarder le ciel du soir », la foule interprète de manière erronée son geste et pense qu'il veut se suicider et lui crie « Saute ». Au cœur de cette foule se trouve le narrateur s'exprimant à la première personne qui va accomplir la volonté des gens autour : « Moi aussi, je ne veux pas manquer ça / Je veux voir ça de près / Je me mets au premier rang / Et crie ». De simple spectateur il va se faire porteur de la « haine » de la « populace » qui « se déchaîne ». La foule empêche l'homme de « redescendre du pont / […] / Alors il remonte une nouvelle fois », c'est alors que le narrateur se « glisse en cachette sur le pont / Lui donne un coup de pied par derrière dans le dos / Pour le délivrer de cette honte ». Le suicide rêvé par la foule se transforme en meurtre.

Toutefois, il ne s'agit pas véritablement d'un meurtre, mais d'un suicide par procuration. Le fait que Lindemann ait choisi d'avoir deux protagonistes principaux, deux narrateurs, n'est pas du au hasard : ces deux personnages semblent être l'image d'un même esprit. L'homme sur le pont devient une sorte de catharsis pour la foule et tout particulièrement pour le protagoniste s'exprimant à la première personne. Il crie : « Saut / Délivre moi / Saute / Ne me déçois pas / Saute pour moi ». Ainsi ces deux personnages peuvent être la personnification de deux volontés opposées au sein d'un même esprit : à la fois l'envie et la peur de sauter. Le désespoir et la peur de l'un, « Maintenant l'homme commence à pleurer / […] / Il se demande – qu'est-ce que j'ai fait », fait écho à la haine et au besoin de violence de l'autre, « la populace se déchaîne / Ils veulent ses tripes / Et crient ».

Au delà de ce premier sens, Rammstein décrit un certain voyeurisme dont ils sont eux-même victimes. En tant qu'artistes, ils se mettent en valeur, se montrent, comme l'homme sur le pont. Leur but n'est rien de plus que de se montrer dans la lumière (« Saute dans la lumière »). L'envie de se montrer doit faire face à l'envie de la foule, leur public, les média, de regarder. Ce regard est avide et malsain, destructeur. C'est le couplet suivant qui permet d'interpréter la chanson de cette manière : « Un nuage passe furtivement / Devant le soleil, il commence à faire froid / Et pourtant, mille soleils brillent rien que pour toi ». Le soleil peut ici représenter le besoin de créer et le besoin de reconnaissance, mais lorsqu'un nuage passe ce qui réchauffait leurs cœurs disparaît, ils doivent alors faire face à une tout autre lumière : les « milles soleils » sont les yeux du public, les projecteurs et les flash des photographes. En ce sens le « Ne me déçois pas » incarne très bien la voix du public.

De ce point de vue là, le protagoniste s'exprimant à la première personne est une personnification du public qui a des attentes particulières et qui considère que le groupe lui appartient. Face à cette pression extérieure, les membres du groupes ne peuvent rien, ils en deviennent esclave. Si la création artistique était un véritable bonheur, les conséquences de la notoriété sont douloureuses. Composer de la musique est un acte de création et paradoxalement les conséquences de cet acte créateur sont destructrices.


« Spring » est une narration – métaphore dans laquelle Rammstein avoue à demi-mot les conséquences de la notoriété : ils semblent happés par la foule, le public, au point de pouvoir en mourir. L'album Rosenrot semble au premier abord beaucoup plus froid et moins personnel (en ce qui concerne les textes), parce que Lindemann a choisi des narrations plus impersonnelles. Toutefois, ceci marque une véritable maturité dans sa production, il y a toujours au delà de ces histoires, des révélations très intimes que l'on découvre seulement en faisant un petit effort de reflexion.

"Zerstören" - Rosenrot

Ja, ja, ja
Ja, ja, ja

Meine Sachen will ich pflegen
Den Rest in Schutt und Asche legen
Zerreißen, zerschmeißen, zerdrücken, zerpflücken
Ich geh am Gartenzaun entlang
Wieder spüre ich diesen Drang

Ich muß zerstören - ja, ja, ja
Doch es darf nicht mir gehören
Ich muß zerstören - ja, ja, ja
Doch es darf nicht mir gehören
Nein

Ich nehme eure Siebensachen
Werde sie zunichte machen
Zersägen, zerlegen, nicht fragen, zerschlagen
Und jetzt die Königsdisziplin
Ein Köpfchen von der Puppe ziehen
Verletzen, zerfetzen, zersetzen

Zerstören - ja, ja, ja
Doch es darf nicht mir gehören
Ich muß zerstören - ja, ja, ja
Doch es darf nicht mir gehören
Nein

Ich würde gern etwas zerstören
Doch es darf nicht mir gehören
Ich will ein guter Junge sein
Doch das Verlangen holt mich ein

Ich muß zerstören - ja, ja, ja
Doch es darf nicht mir gehören
Ich muß zerstören - ja, ja, ja
Doch es darf nicht mir gehören
Nein

Zerreißen, zerschmeißen, zerdrücken, zerpflücken
Zerhauen, und klauen, nicht fragen, zerschlagen
Zerfetzen, verletzen, zerbrennen, dann rennen
Zersägen, zerlegen, zerbrechen, sich rächen
Ah, ja, ja, ah, ja, ja, ah

Er traf ein Mädchen das war blind
Geteiltes Leid und gleichgesinnt
Sah einen Stern vom Himmel gehen
Und wünschte sich Sie könnte sehen
Sie hat die Augen aufgemacht
Verließ ihn noch zur selben Nacht



Le narrateur de cette chanson est en proie à une véritable « pulsion » destructrice : « Il faut que je détruise ». Il a besoin pour exister de « réduire […] en cendres » / « réduire à néant » les autres et ce qui leurs appartient. Cette pulsion est beaucoup plus forte que lui comme le montre l'utilisation du verbe « devoir », et rythme son existence : « Je ressens à nouveau cette pulsion ». Cette notion de pulsion rythmant l'existence du narrateur est mise en valeur par l'énumération de verbes évoquant le destruction.

Cette énumération de verbes souligne le côté obsessionnel du personnage. On trouve une vingtaine de termes différents pour évoquer la destruction : « Déchirer, balancer, écraser, déchiqueter / […] / Scier, démonter, ne pas demander, casser / […] / Blesser, lacérer, démantibuler / […] / Déchirer, balancer, écraser, démolir / Cogner, et faucher, ne pas demander, casser / Mettre en lambeaux, décomposer, brûler, puis courir / Scier, découper, casser, se venger ». La multiplication de ces synonymes a pour but de faire ressentir la folie du narrateur, dont l'esprit est sans cesse tourné vers ce besoin de d'anéantissement.

La chanson décrit véritablement la maladie mentale, une crise névrotique qui atteint son paroxysme dans l'avant dernier couplet. J'utilise le mot «névrotique» à dessein. Le narrateur est véritablement atteint d'une névrose. Le texte donne l'impression qu'il a été bridé toute son enfance, que toute cette violence est restée contenue en lui pendant trop longtemps et que désormais cela le dépasse. Un certain nombre de mots évoquent l'enfance : « Arracher le tête des poupées » - « Je veux être un bon garçon / Pourtant l'envie me rattrape ». Cette idée de névrose est soulignée par l'aspect sexuel de se besoin de détruire : le plaisir sexuel est souligné par la répétition des « Ja » qui deviennent véritablement orgasmiques dans l'avant dernier couplet (ceci souligné par la musique).

Au delà de cette crise de folie, le dernier couplet donne à la chanson l'aspect d'un conte, presque d'une légende. Cette aspect est mis en valeur par le changement de point de vue de narration : on passe d'un point de vue interne au personnage (qui s'exprime à la première personne) à une narration externe (à la troisième personne) ; ainsi que par le changement de temps (on passe du présent au passé). L'apaisement, souligné par un changement radical dans la musique et la voix de Lindemann, évoque l'avenir du personnage qui semble avoir atteint une certaine tranquillité d'esprit. « Il rencontra une jeune fille qui était aveugle / Partageant sa souffrance et pensant de même » : le personnage connais enfin l'amour et semble ressentir une sorte de compréhension profonde et apaisante. Pour la première fois de sa vie, il va alors souhaiter le bonheur d'autrui, de cette jeune femme : « Il vit une étoile traverser le ciel / Et fit le vœu qu'elle puisse voir ». Dans une fin ironique (comme Lindemann les aime), le seul geste altruiste que le personnage accomplira dans sa vie se retournera contre lui et l'apaisement ne sera que de courte durée : « Elle a ouvert les yeux / Et l'a quitté la même nuit ». On comprend alors que ce qui aurait pu complètement guérir le personnage le fera sombré complètement dans la folie.

« Zerstören » est très représentative de l'album Rosenrot qui est presque composé comme un recueil d'histoires, des narrations décrivant à quel point le rapport à l'autre peut être toxique.

vendredi 22 novembre 2013

"Rammlied" - Liebe ist für alle da

Wer wartet mit Besonnenheit
Der wird belohnt zur rechten Zeit
Nun das Warten hat ein Ende
Leiht euer Ohr einer Legende

Ramm-Stein
Ramm-Stein

Manche führen manche folgen
Herz und Seele Hand in Hand
Vorwärts vorwärts bleibt nicht stehen
Sinn und Form bekommt Verstand

Wenn die Freude traurig macht
Keine Sterne in der Nacht
Bist du einsam und allein
Wir sind hier schalte ein

Ramm-Stein
Rammstein
Rammstein

Manche führen manche folgen
Böse Miene gutes Spiel
Fressen und gefressen werden
Wir nehmen wenig geben viel

Wenn ihr keine Antwort wisst
Richtig ist was richtig ist
Bist du traurig und allein
Wir sind zurück schalte ein

Ramm-Stein
Rammstein
Rammstein
Rammstein

Ein Weg
Ein Ziel
Ein Motiv
Rammstein
Eine Richtung
Ein Gefühl
Aus Fleisch und Blut
Ein Kollektiv

Wer wartet mit Besonnenheit
Der wird belohnt zur rechten Zeit
Nun das Warten hat ein Ende
Leiht euer Ohr einer Legende

Ramm-Stein
Rammstein
Rammstein
Rammstein



« Rammlied » ouvre l'album Liebe ist für alle da que les admirateurs du groupe ont attendu pendant quatre (longues) années. Je débute ce commentaire en évoquant les fans du groupe, parce que c'est bien d'eux dont il s'agit, c'est à eux que s'adresse Rammstein. Cette première chanson semble dire : vous nous avez attendu longtemps, nous voilà de retour, nous créons pour vous.

Lindemann exprime le fait que l'attente des admirateurs est enfin terminée, que leur patience est récompensée : « Qui attend avec sagesse / Sera récompensé en temps voulu / Maintenant, l'attente à une fin ». Le groupe produit sa musique pour leurs auditeurs, il veut faire de ses créations une lumière dans leurs cœurs : « Quand la joie rend triste / Qu'aucune étoile ne brille dans la nuit / Que tu es seul et solitaire / Nous sommes là, Allume ! ». Les membres de Rammstein n'ont eu de cesse d'évoquer les plaies de l'âme et du cœur, les difficultés à affronter l'existence parfois, les désirs humains les plus sombres, ils savent sans doute que la fidélité de leur publique vient de cette compréhension profonde et mutuelle : « Si vous n'avez aucune réponse / Est juste ce qui est juste / Si tu es triste et seul / Nous sommes de retour, allume ! »

Jeu de mot entre « Rammstein » et « chant », cette chanson exprime une double dévotion : celle de Rammstein pour son public, « Nous prenons peu, donnons beaucoup » et celle des admirateurs pour le groupe, « Prêtez l'oreille à une légende ». Lindemann utilise ici une mot fort, « légende », et il fait une jeu de mot en divisant « Ramm-Stein », « Stein » se traduisant par « pierre ». Le groupe semble avoir pleinement conscience de ce qu'il représente pour ses fans : Rammstein a pour eux le statut d'une légende, d'un véritable monument, comme une stèle, une « pierre ». Le mot « Rammstein », le leitmotiv de la chanson, résonne presque comme une prière. Ce statut presque divin est soulignée par les synonymes que Lindemann donne à « Rammstein » : « Un dessein / Un but / Un motif / Rammstein / Une direction / Une sensibilité / De chaire et de sang / Un collectif ».

Au delà d'un message adressé aux admirateurs, et d'une affirmation du groupe tel qu'il se voit et se ressent par rapport à l'amour, sans doute (n'oublions pas que cette chanson ouvre un album intitulé Liebe ist für alle da), que leurs portent les fans, Lindemann décrit le microcosme du groupe à l'image de macrocosme du monde. En effet, certaines paroles peuvent à la fois se lire comme un message adressé aux admirateurs, et une description du fonctionnement du groupe lui-même. « Certains mènent, certains suivent / cœur et âme, main dans la main / Avancez, avancez ne vous arrêtez pas / La raison prend sens et forme » - « Air méchant, bon jeu, / Dévorer et être dévoré » : ces mots, s'ils décrivent le fonctionnement du groupe qui marche « main dans la main », où sans cesse de nouveaux meneurs se définissent pour faire avancer la création artistique, ils décrivent également la marche de l'humanité qui, malgré les difficultés et les peines, va toujours en avant. Si dans le groupe chacun des membres semble successivement être dominant et dominé, il en va de même pour la communauté humain. Cette mise en perspective de Rammstein comme image du fonctionnement du monde explique ainsi le rapport si étroit, de compréhension mutuelle, qui lie le groupe à son public. Dans une sorte de jeu de miroir où le groupe se met en scène tout en s'adressant aux admirateurs en leurs renvoyant leur propre image, est une manière détournée pour Rammstein de dire à leurs fans : si vous avez besoin de nous, si nous sommes votre lumière, nous ne sommes rien sans vous.


Ainsi les membres de Rammstein veulent rendre hommage à leurs fans, et « Rammlied » résonne comme une véritable dédicace. Ce n'est pas la première fois que le groupe se décrit et exprime l'amour qu'il a pour son public. Déjà, dans « Ein Lied » (Rosenrot) et « Los » (Reise, Reise) Rammstein décrivait sa mission : « Nous sommes les serviteurs de vos oreilles / Nous sommes nés pour la musique / Chaque fois que vous êtes tristes / Nous jouons pour vous » (« Ein Lied », Rosenrot).