Wir waren namenlos
Und ohne Lieder
Recht wortlos
Waren wir nie wieder
Etwas sanglos
Sind wir immer noch
Dafür nicht klanglos
Man hört uns doch
Nach einem Windstoß
Ging ein Sturm los
Einfach beispiellos
Es wurde Zeit
Los
Sie waren sprachlos
So sehr schockiert
Und sehr ratlos
Was war passiert
Etwas fassungslos
Und garantiert
Verständnislos
Das wird zensiert
Sie sagten grundlos
Schade um die Noten
So schamlos
Das gehört verboten
Es ist geistlos
Was sie da probieren
So geschmacklos
Wie sie musizieren
Es ist hoffnungslos
Sinnlos
Hilflos
Sie sind gottlos
Wir waren namenlos
Wir haben einen Namen
Waren wortlos
Die Worte kamen
Etwas sanglos
Sind wir immer noch
Dafür nicht klanglos
Das hört man doch
Wir sind nicht fehlerlos
Nur etwas haltlos
Ihr werdet lautlos
Uns nie los
Wir waren namenlos
Und ohne Lieder
Recht wortlos
Waren wir nie wieder
Etwas sanglos
Sind wir immer noch
Dafür nicht klanglos
Man hört uns doch
Nach einem Windstoß
Ging ein Sturm los
Einfach beispiellos
Wurde zeitlos
Wir waren los
Wir waren los
Reise, Reise constitue sans
doute l'album le plus personnel du groupe. S'il marque musicalement
un tournant, ainsi qu'une sorte de renaissance après Mutter,
les membres de Rammstein parviennent à prendre du recul sur leurs
relations (cf. « Ohne dich ») et regardent derrière eux
le chemin parcouru. « Los » raconte sans détour les
débuts du groupe, les critiques et la censure, mais voit aussi en
direction de l'avenir, la machine est lancée : « C'est
parti ! ».
Cette chanson mêle ton revendicateur
et ironie, ressenti sincère et mise à distance. Si le texte parle
du groupe, le style est aussi à son image, entre besoin de création
et auto-dérision. Ce paradoxe est révélé dès la première partie
composée des trois premier couplets. Lindemann commence par évoquer
le besoin vital de créer, de composer, d'écrire pour vivre. « Nous
étions sans nom (anonymes) / Et sans chanson », ils sont
partis de rien, étaient presque sans existence, sans notoriété non
plus. Chez Rammstein création artistique et notoriété sont des
éléments qui à partir de cet album serons sans cesse en lien (cf
« Ein Lied » et « Rammlied ») et ils semblent
ici prendre conscience de cette célébrité : « Encore un
peu sans tambour / Nous le sommes toujours / En revanche pas sans
trompette / On nous entend bien tout de même ». En détournant
l'expression « sans tambour ni trompette » Lindemann
évoque à la fois cette notoriété, le fait qu'ils soient parvenus à
se faire entendre ; mais en écrivant qu'ils n'ont que les
trompettes il dit que ce n'est pas grand chose, que ce n'est pas
important, que ce n'est que du vent.
Du vent. Ce n'est rien. Et
pourtant : « Après une bourrasque / Une tempête s'est
levée / Simplement sans précédent (inqualifiable) ». Ce que
Rammstein a produit a déclenché une véritable tempête, dans le
sens où ils ont fait parlé d'eux. Mais c'est également une manière
de définir leur style musical, qu'ils ont toujours voulu comme
quelque chose de neuf, d'original : « Il était temps ».
La seconde partie du texte évoque la
manière dont le groupe et sa musique ont été perçu à la fois par
le public et la critique. Et la première réaction est la
stupéfaction : « Ils étaient sans voix / Tellement choqués /
Et vraiment perplexes / Que s'était-il passé ? ». Après
le choc et l'incompréhension ce sera la censure : « Ce
sera censuré / […] / Ça
sera interdit ». Rammstein pointe du doigt la manière dont ils
ont été jugé, sans vraiment être compris. Leur musique a été
qualifié « d'impudique », « inepte (sans
intelligence) » et de « mauvais goût ». Lindemann
insiste sur l'unicité, la nouveauté de ce qu'ils ont produit, d'où
la surprise, l'incompréhension et la censure. Et ce pourquoi on les
montre de doigt, le membres du groupe en ferons une véritable marque
de fabrique : « C'est sans espoir / Sans aucun sans / Il
n'y a rien à faire / Ils sont sans Dieu (athées, abandonnés de
Dieu) ». Ce que la critique a jugé comme étant des défauts
condamnables, le groupe en a fait une force : « Nous ne
sommes pas sans défauts / Seulement un peu instables ». C'est
en partie grâce aux polémiques et aux condamnations qu'ils avancent
et qu'ils veulent toujours aller plus loin : « Vous ne
vous débarrasserez jamais / De nous sans bruit ». La
« bourrasque » qu'était le groupe à ses débuts est
devenu une véritable « tempête » attisée par les
condamnations.
« Los » revendique sur un
ton très provocateur ce qui fait l'essence du groupe : le
besoin vital de créer, de notoriété, de provoquer. Cette chanson
dit aussi à ceux qui l'on critiqué, condamné, qu'ils sont les
créateurs du monstre qu'est Rammstein. Lindemann affirme à travers
ce texte que s'il n'y avait pas eu les scandales (accusations de
nazisme notamment) le groupe ne serait pas ce qu'il est devenu.
Ainsi, si le besoin de composer, de faire de la musique, leurs est
indispensable en tant qu'individus, le succès n'est pas le seul
résultat de leur talent. Il y a une part de hasard, des choses qui
leurs ont échappé. Ce qui devait les rabaisser, les blesser, les
abattre est devenu une arme qu'ils se sont appropriés avec une
certaine ironie et un détachement. Le ton ironique et la mise à
distance souligne la futilité à la fois de ce qu'ils font et des
réactions qu'ils ont pu provoquer.
« Los » et plus largement
l'album Reise, Reise, témoigne d'une véritable maturité
dont fait preuve Rammstein. Ils ont commencé la musique et composé
en se faisant simplement plaisir, en voulant affirmer leur identité.
Mais ils ont bien conscience que certaines choses leurs ont échappé.
Alors face au succès ils assume d'autant plus leur cynisme, qui
semble désormais faire partie de ce qu'est Rammstein.