lundi 22 juillet 2013

"Stein um stein" - Reise, Reise


Ich habe Pläne, große Pläne
Ich baue dir ein Haus
Jeder Stein ist eine Träne
Und du ziehst nie wieder aus
Ja, ich baue ein Häuschen dir
Hat keine Fenster keine Tür
Innen wird es dunkel sein
Dringt überhaupt kein Licht hinein

Ja ich schaffe dir ein Heim
Und du sollst Teil des Ganzen sein

Stein um Stein
Mauer ich dich ein
Stein um Stein
Ich werde immer bei dir sein

Ohne Kleider, ohne Schuh
Siehst du mir bei der Arbeit zu
Mit den Füssen im Zement
Verschönerst du das Fundament
Draußen wird ein Garten sein
Und niemand hört dich schreien

Stein um Stein
Mauer ich dich ein
Stein um Stein
Ich werde immer bei dir sein
Ich werde immer bei dir sein

Welch ein Klopfen, welch ein Hämmern
Draußen fängt es an zu dämmern
Alle Nägel stehen stramm
Wenn ich sie in dein Leibholz Ramm
Stein

Stein um Stein
Mauer ich dich ein
Stein um Stein
Mauer ich dich ein
Stein um Stein
Mauer ich dich ein
Stein um Stein
Und keiner hört ihn schreien




Le premier couplet ressemble à une sorte de déclaration d'amour : un homme, le narrateur, a de « grands projets » pour la femme qu'il aime. « Je vais te construire une maison » a ici son sens propre, mais veut également dire qu'il souhaite que leur relation soit solide, durable dans le temps, cette idée est renforcée par « Et tu ne déménagera plus jamais ». Mais ici on constate l'aspect négatif de ce projet : je narrateur dit « tu » et non « nous » : il ne compte pas habiter avec elle.

« Chaque pierre est une larme » dit-il : l'idée de douleur est ici présente, mais il reste à savoir à qui appartiennent ces larmes. Celle de la femme dont le narrateur évoque les pleurs avant même qu'elle ne soit emmurée : les verbes sont au futur, il s'agit d'un « projet » et rien n'est réalisé. Il peut aussi s'agir des larmes du narrateur lui-même qui souffre. Cette deuxième supposition est la plus plausible, dans la mesure où dans ce texte au futur, ici le présent est utilisé. Pourquoi et de quoi souffre-t-il ? En l'emmurant, il veut la garder pour lui seul, il est possessif et jaloux.

Toujours dans le premier couplet, on note une opposition entre « maisonnette », vocabulaire des contes (référence à la légende de fondation?), presque enfantin et la description qui suit, c'est à dire d'une bâtissent « sans fenêtre ni porte » où « aucune lumière n'y pénétrera », c'est à dire un mausolée.
Le deuxième couplet, très bref, fais à mon avis référence à la légende de fondation : « un logis » vivant, fondé sur cette femme qui en devient « une partie ».

Le refrain arrive, explicitant ce qui est suggérer dans le premier couplet : il veut emmurer la femme qu'il aime. Malgré tout, il y a dans ce « projet » un aspect positif, c'est une manière de la garder près de lui : « Je resterai toujours près de toi ».

Dans le troisième couplet, le narrateur s'intéresse au moment même de la construction. Il va « travailler », ici une idée de sacrifice, il veut donner de sa personne pour cette femme, faire quelque chose de ces mains. Toutefois, il veut aussi lui faire du mal, dans un élan de sadisme il se la représente nue « sans vêtement et sans chaussures (…) Les pieds dans le ciment ». Comme dans le premier couplet et le refrain on voit une opposition entre une volonté de construire quelque chose pour l'être aimé et une volonté la blessé, le dominer (thématique assez courante dans les texte de Till, d'ailleurs...). Opposition ici mise en valeur par le verbe « embellir », associé à « jardin » qui évoquent une beauté paisible et qui s'oppose au verbe « crier » et à « ciment » qui évoquent la peur et la rudesse.

Le quatrième couplet introduit une ambiguité : les verbes sont conjugués au présent. Soit le narrateur est au paroxysme d'une sorte de crise de démence dans laquelle il imagine emmurer la femme qu'il aime, soit il l'a vraiment fait. L'ambiguité demeure et à chacun d'interpréter comme il veut. Personnellement je penche plutôt pour le première option. Il évoque le crépuscule, il a travaillé toute la journée, « Que de coups donnés, que de martèlements » évoquent la fatigue de l'homme revenant de son labeur (référence à la légende?). « Tous les clous sont bien droits / Quand je les enfonce dans ton corps de bois » : ici une métaphore de l'acte sexuel plus ou moins explicite. Au sens propre, dans son désir d'emmurer sa bien aimée, il clou son cercueil, au sens figuré, il lui fait l'amour. C'est cela qui me fait plutôt penché du côté du fait qu'il n'accomplit pas son acte, mais qu'il évoque un désir de mort et de possession, un amour destructeur.

Pour conclure, si le texte de Till s'inspire des légendes de fondation, il détourne la thématique pour évoquer un amour destructeur, un sentiments très fort qui va jusqu'au désir de mort.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire