Sie stehen eng umschlungen
Ein Fleischgemisch so reich an Tagen
Wo das Meer das Land berührt
Will sie ihm die Wahrheit sagen
Doch ihre Worte frisst der Wind
Wo das Meer zu Ende ist
Hält sie zitternd seine Hand
Und hat ihn auf die Stirn geküsst
Sie trägt den Abend in der Brust
Und weiß dass sie verleben muss
Sie legt den Kopf in seinen Schoß
Und bittet einen letzten Kuss
Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass
Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass
Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass
Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass
Der letzte Kuss ist so lang her
Der letzte Kuss
Er erinnert sich nicht mehr
« Nebel » est une chanson
relativement peu difficile à comprendre, toutefois le texte de Lindemann révèle, comme toujours (ou presque!), une certaine
subtilité.
Il nous raconte ici l'histoire de deux
êtres qui s'aiment, « Ils se tiennent étroitement enlacés /
Une union charnelle de si longue date », mais qui arrivent au
bout de leur histoire : « Elle veut lui dire la vérité /
[…] / Elle porte le crépuscule
dans sa poitrine / Elle sait qu'elle doit perdre la vie ».
Ainsi la femme doit mourir, c'est une scène d'adieu, les deux
personnages vivent leurs derniers moments ensemble : « Et
puis il l'a embrassé / Là où la mer prend fin / Ses lèvres (à
elles) délicates et pâles / Et ses yeux (à lui) se mouillent ».
L'image
de la plage sur laquelle se trouvent les deux protagonistes évoquent
très bien l'idée de séparation, de rencontre inaccomplie :
« Là où la mer prend fin », « Là où la mer
effleure la terre ». Les deux éléments, la terre et la mer,
se touchent mais ne se mélangent jamais, la rencontre se fait mais
reste une relation avortée ou vouée à l'échec. Plus
traditionnellement, cette image évoque la mort : le passage
vers l'autre monde. C'est l'image du Styx que l'on doit traverser
pour atteindre le monde des morts.
L'interprétation
du texte est intéressante dans le fais de savoir et comprendre la
relation entre les deux personnages. À la première lecture, il
s'agit d'une couple : « Ils se tiennent étroitement
enlacés / Une union charnelle de si longue date / […]
/ Et puis il l'a embrassée / […] / Ses lèvres (à elle) délicates
et pâles / Et ses yeux (à lui) se mouillent ». La femme
apprend à son amant qu'elle est malade (« Elle porte le
crépuscule dans sa poitrine ») et qu'elle va mourir. Selon moi
ceci constitue un premier niveau d'interprétation.
Le
texte peut être aussi lu à la lumière du titre de l'album auquel
il appartient : Mutter.
En ce sens, il s'agirait d'une relation mère-fils. L' « union
charnelle de si longue date », si elle évoque une relation
sensuelle, peut aussi évoquer le fait que le personnage masculin est
constitué à partir de la chair de sa mère. « Elle pose sa
tête sur ses genoux / Et demande un dernier baiser » :
les rôles parent-enfant sont ici inversés, ce n'est plus la mère
qui berce sont fils et le console, mais le fils qui accompagne sa
mère pour son dernier voyage. L'ambiguité de cette relation qui
semble d'abord montrer des amants ne s'oppose pas véritablement à
la seconde interprétation : cette ambiguité révèle en
quelque sorte le complexe d'Oedipe.
L'interprétation
du titre même de la chanson semble aller dans le sens d'une relation
mère-fils. En effet, « Nebel » signifie brouillard,
évoquant la mort, l'inconnu qu'elle représente et l'état dans
lequel elle laisse les personnes qui doivent rester dans ce monde-ci.
Mais « Nebel » est un anacyclique, un mot qui présente
toujours un sens si on le lit à l'envers : « Nebel »
devient « Leben » qui signifie vivre. Ainsi, si la mère
doit mourir, le fils doit vivre. Si le corps est périssable, les
parents vivent à travers leurs enfants, la chair de leur chair.
Lindemann
décrit ici une épreuve difficile de l'existence, la séparation
définitive et irréversible qu'est la mort, le brouillard qu'elle
représente pour celui qui s'en va et qui ne sait pas ce qu'il y a
après, mais également pour celui qui reste et qui vivre avec sa
peine. Malgré cela, il y a l'affirmation d'une certaine
immortalité : nous vivons à travers notre descendance. La
mélancolie qui emprunt la chanson est à l'image de douleur, du
brouillard qu'est la vie. Toutefois le constat n'est pas complètement
pessimiste : « Le dernier baiser / Il ne s'en souvient
plus ». On peut interpréter ces derniers vers comme l'oubli de
la peine, le personnage est allé de l'avant, a continué à vivre.
Que
la mort de la Mère soit réelle ou symbolique, le détachement est
nécessaire pour exprimer sa personnalité propre, pour évoluer vers
son état d'adulte, pour affirmer une véritable maturité. Ainsi,
l'album se clôture sur la mort de la Mère : Rammstein met le
point final à un cycle. Lorsque j'ai fais quelques remarques sur la
cohésion de l'album, je concluais de cette manière :
« Mutter
peut être vu comme une transition dans les thématiques abordées
par le groupe qui essaye de panser les blessures du cœur –
Herzeleid – et du désir – Sehnsucht – en entreprenant une
démarche que l'on pourrait qualifier de psychanalytique. Si on peut
dire de ce troisième album qu'il est (encore et toujours) torturé,
il marque un passage vers la maturité du groupe qui s'exprimera
pleinement dans Reise, Reise. La réconciliation symbolique avec la
Mère amènera une maturité dans la relation à l'être aimé. Cela
ne veut pas dire qu'on ne trouvera plus chez Rammstein des thèmes
durs, et que la relation à l'autre sera moins destructrice, mais
leurs traitements, dans l'écriture, se fera manière plus
« adulte ». »
Ces
remarques peuvent aussi s'appliquer à « Nebel ».
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