samedi 11 janvier 2014

"Nebel" - Mutter

Sie stehen eng umschlungen
Ein Fleischgemisch so reich an Tagen
Wo das Meer das Land berührt
Will sie ihm die Wahrheit sagen

Doch ihre Worte frisst der Wind
Wo das Meer zu Ende ist
Hält sie zitternd seine Hand
Und hat ihn auf die Stirn geküsst

Sie trägt den Abend in der Brust
Und weiß dass sie verleben muss
Sie legt den Kopf in seinen Schoß
Und bittet einen letzten Kuss

Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass
Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass

Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass
Und dann hat er sie geküsst
Wo das Meer zu Ende ist
Ihre Lippen schwach und blass
Und seine Augen werden nass

Der letzte Kuss ist so lang her
Der letzte Kuss
Er erinnert sich nicht mehr



« Nebel » est une chanson relativement peu difficile à comprendre, toutefois le texte de Lindemann révèle, comme toujours (ou presque!), une certaine subtilité.

Il nous raconte ici l'histoire de deux êtres qui s'aiment, « Ils se tiennent étroitement enlacés / Une union charnelle de si longue date », mais qui arrivent au bout de leur histoire : « Elle veut lui dire la vérité / […] / Elle porte le crépuscule dans sa poitrine / Elle sait qu'elle doit perdre la vie ». Ainsi la femme doit mourir, c'est une scène d'adieu, les deux personnages vivent leurs derniers moments ensemble : « Et puis il l'a embrassé / Là où la mer prend fin / Ses lèvres (à elles) délicates et pâles / Et ses yeux (à lui) se mouillent ».

L'image de la plage sur laquelle se trouvent les deux protagonistes évoquent très bien l'idée de séparation, de rencontre inaccomplie : « Là où la mer prend fin », « Là où la mer effleure la terre ». Les deux éléments, la terre et la mer, se touchent mais ne se mélangent jamais, la rencontre se fait mais reste une relation avortée ou vouée à l'échec. Plus traditionnellement, cette image évoque la mort : le passage vers l'autre monde. C'est l'image du Styx que l'on doit traverser pour atteindre le monde des morts.

L'interprétation du texte est intéressante dans le fais de savoir et comprendre la relation entre les deux personnages. À la première lecture, il s'agit d'une couple : « Ils se tiennent étroitement enlacés / Une union charnelle de si longue date / […] / Et puis il l'a embrassée / […] / Ses lèvres (à elle) délicates et pâles / Et ses yeux (à lui) se mouillent ». La femme apprend à son amant qu'elle est malade (« Elle porte le crépuscule dans sa poitrine ») et qu'elle va mourir. Selon moi ceci constitue un premier niveau d'interprétation.

Le texte peut être aussi lu à la lumière du titre de l'album auquel il appartient : Mutter. En ce sens, il s'agirait d'une relation mère-fils. L' « union charnelle de si longue date », si elle évoque une relation sensuelle, peut aussi évoquer le fait que le personnage masculin est constitué à partir de la chair de sa mère. « Elle pose sa tête sur ses genoux / Et demande un dernier baiser » : les rôles parent-enfant sont ici inversés, ce n'est plus la mère qui berce sont fils et le console, mais le fils qui accompagne sa mère pour son dernier voyage. L'ambiguité de cette relation qui semble d'abord montrer des amants ne s'oppose pas véritablement à la seconde interprétation : cette ambiguité révèle en quelque sorte le complexe d'Oedipe.

L'interprétation du titre même de la chanson semble aller dans le sens d'une relation mère-fils. En effet, « Nebel » signifie brouillard, évoquant la mort, l'inconnu qu'elle représente et l'état dans lequel elle laisse les personnes qui doivent rester dans ce monde-ci. Mais « Nebel » est un anacyclique, un mot qui présente toujours un sens si on le lit à l'envers : « Nebel » devient « Leben » qui signifie vivre. Ainsi, si la mère doit mourir, le fils doit vivre. Si le corps est périssable, les parents vivent à travers leurs enfants, la chair de leur chair.

Lindemann décrit ici une épreuve difficile de l'existence, la séparation définitive et irréversible qu'est la mort, le brouillard qu'elle représente pour celui qui s'en va et qui ne sait pas ce qu'il y a après, mais également pour celui qui reste et qui vivre avec sa peine. Malgré cela, il y a l'affirmation d'une certaine immortalité : nous vivons à travers notre descendance. La mélancolie qui emprunt la chanson est à l'image de douleur, du brouillard qu'est la vie. Toutefois le constat n'est pas complètement pessimiste : « Le dernier baiser / Il ne s'en souvient plus ». On peut interpréter ces derniers vers comme l'oubli de la peine, le personnage est allé de l'avant, a continué à vivre.


Que la mort de la Mère soit réelle ou symbolique, le détachement est nécessaire pour exprimer sa personnalité propre, pour évoluer vers son état d'adulte, pour affirmer une véritable maturité. Ainsi, l'album se clôture sur la mort de la Mère : Rammstein met le point final à un cycle. Lorsque j'ai fais quelques remarques sur la cohésion de l'album, je concluais de cette manière : 
« Mutter peut être vu comme une transition dans les thématiques abordées par le groupe qui essaye de panser les blessures du cœur – Herzeleid – et du désir – Sehnsucht – en entreprenant une démarche que l'on pourrait qualifier de psychanalytique. Si on peut dire de ce troisième album qu'il est (encore et toujours) torturé, il marque un passage vers la maturité du groupe qui s'exprimera pleinement dans Reise, Reise. La réconciliation symbolique avec la Mère amènera une maturité dans la relation à l'être aimé. Cela ne veut pas dire qu'on ne trouvera plus chez Rammstein des thèmes durs, et que la relation à l'autre sera moins destructrice, mais leurs traitements, dans l'écriture, se fera manière plus « adulte ». »
Ces remarques peuvent aussi s'appliquer à « Nebel ». 

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