vendredi 13 juin 2014

« Zwitter » / « Ich weiß alles » - Mutter/texte de Till Lindemann pour Roland Kaiser

Zwitter

Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter

Ich hab ihr einen Kuss gestohlen
sie wollte sich ihn wiederholen
Ich hab sie nicht mehr losgelassen
Verschmolzen so zu einer Maße
So ist es mir nur allzurecht
Ich bin ein schönes Zweigeschlecht
Zwei Seelen unter meiner Brust
Zwei Geschlechter eine Lust

Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter

Ich gehe anders durch den Tag
Ich bin der schönste Mensch von allen
Ich sehe wunderbare Dinge
Die sind mir vorher gar nicht aufgefallen
Ich kann mich jeden Tag beglücken
Ich kann mir selber Rosen schicken
Da ist kein Zweiter und kein Dritter
Eins und eins das ist gleich

Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Ich bin so verliebt
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Ich bin in mich verliebt
Eins für mich eins für dich
Gibt es nicht für mich
Eins für mich eins für dich
Eins und eins das bin ich

Ich bin alleine doch nicht allein
Ich kann mit mir zusammen sein
Ich küsse früh mein Spiegelbild
Und schlafe abends mit mir ein
Wenn die anderen Mädchen suchten
Konnt ich mich schon selbst befruchten
So bin ich dann auch nicht verzagt
wenn einer zu mir Fick Dich sagt

Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Ich bin so verliebt
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Zwitter , Zwitter
Ich bin in mich verliebt
Eins für mich eins für dich
Gibt es nicht für mich
Eins für mich eins für dich
Eins und eins das bin ich

Traduction ici
Ich weiß alles




Ich weiß alles über dich.
Ich weiß wie Du wirklich bist.
Ich seh dich an,
erkenne dich.
Du bewegst dich so wie ich.

Ich weiß dass Du weißt, dass ich alles von dir weiß.

Du redest viel, ich bin verschwiegen
Wenn ich aufsteh, bleibst du liegen
Muss heimlich weinen, wenn du lachst
Ich weiß immer was du machst
Ich weiß wo du gewesen bist und das es mir das Herz zerfrisst

Ich weiß alles
Weißt auch du, alles was du sagtest?
Ich weiß alles
Kein Tabu, alles was du fragtest
Ich weiß alles, in mir zerbricht
Alles was du machtest, weißt du leider nicht, woran du nie dachtest

Immer wenn Du lügst will ich dir glauben.
Wenn Du mich betrügst, schliess ich die Augen
Wenn mir kalt ist, wird dir heiss.

Ich weiß, dass Du weißt, dass ich alles von dir weiß

Es zieht dich immer auf die Strassen
Du denkst du könntest was verpassen
Am Abend schminkst du dein Gesicht
Du darfst alles, darf ich nicht
Wirst mich für immer quälen, beschenken und bestehlen

Ich weiß alles
Weißt auch du alles was du sagtest?
Ich weiß alles
Kein Tabu, alles was du fragtest
Ich weiß alles, in mir zerbricht
Alles was du machtest, weißt du leider nicht, woran du nie dachtest

Ich weiß alles über dich,
Ich weiß wie du wirklich bist
Ich weiß was du gespürt hast als du es berührt hast
Du schaust mich an, hast mich erkannt
Spieglein, Spieglein an der Wand









Traduction ici




De retour avec un nouveau commentaire comparer : « Zwitter » et « Ich weiß alles », texte que Lindemann a écrit pour le chanteur allemand Roland Kaiser (je m'étais risquée à une traduction ici). Deux thèmes proches, voire identiques, pour ces textes auxquels on aurait pu ajouter également « Führe mich » dont j'ai déjà proposé un commentaire lors de la sortie du film de Lars von Tier Nymphomaniac. Ainsi, dans ces trois chansons, Lindemann traite du thème de la dualité de l'être. Les narrateurs de « Zwitter » et de « Ich weiß alles » parlent d'eux-même autour d'un jeu entre « je » et l'autre.

D'emblée on remarque une opposition dans la manière de traiter le sujet dans les deux textes : « Zwitter » assume dès le premier couplet la dualité dont il est question, « Je suis un beau bisexué / Deux âmes sous ma poitrine / Deux sexes et un seul désir », alors qu'il faut attendre les derniers mots de « Ich weiß alles » pour comprendre que le narrateur s'adresse à lui-même, « Tu me regardes, me reconnais / Miroir, miroir sur le mur ». Pourtant dans les deux cas Lindemann mets en scène le « je » et le « tu » ou le « elle » (dans « Zwitter ») pour exprimer une certaine dualité, voire une opposition.

« Zwitter » assume totalement cet aspect du double et du moi. Par son titre d'abord, « Hermaphrodite », puis dans la manière dont est menée l'écriture. La narrateur parle d' « elle » dans le premier couplet : « Je lui ai volé un baiser / Elle en voulait un autre », mais très vite le « je » prend le dessus et ce qui semblait être deux au départ ne fait plus qu'un seul : « Je suis un beau bisexué / […] / Il n'y a pas de deuxième ni de troisième / Un et un, c'est pareil ». On remarquera que Lindemann insiste sur l'aspect sexuel (oui, encore...) de cet état : « Je peux me donner du plaisir chaque jour / […] / Quand les autres filles cherchaient à assouvir leurs besoins / Je pouvais me féconder moi-même / Ainsi je ne suis pas embarrassé / Quand on me dit ''va te faire foutre'' ».
Si on lit se texte au regard de toute la thématique de l'album Mutter, on peut y voir l'expression de la sexualité adolescente : les premières expériences du plaisir sexuel sont solitaires. L'enfant, ou l'adolescent ressent lors de ces premières pratiques une plénitude que Lindemann arrive très bien à retranscrire ici : il n'y a pas de sensation ou de sentiment négatif dans cette chanson et les mots employés sont toujours positifs : « Ça me convient parfaitement ainsi », « Je suis le plus bel homme de l'univers / Je vois des choses merveilleuses ». Le narrateur en est au (merveilleux) stade de l'apprentissage de la sexualité qui ne connait pas la frustration.
Les plus romantiques peuvent aussi voir dans ce texte un métaphore du couple idéal. Ceux qui étaient deux au début ne forment plus qu'un seul et même être et la compréhension est totale : « Deux âmes sous ma poitrine / Deux sexes et un seul désir ». Une fois encore cette plénitude d'un couple idéal renvoie, pour moi, aux premières amours. Les adolescents s'aiment de cette manière : un véritable fusion à la fois psychique et physique dans laquelle chacun est capable de s'abandonner totalement à l'autre au point de ne former plus qu'un seul.
Ainsi, « Zwitter » aborde la thématique du moi double et entier. Cette dualité est vécu de manière positive et c'est en cela qu'elle est en lien avec l'enfance ou l'adolescence.

Aussi, « Ich weiß alles » reprend ce même thème, toutefois le texte est emprunt d'une plus grande maturité et, alors que « Zwitter » évoquait le bonheur et la plénitude, de mélancolie. « Je » et « tu » sont ici en opposition : « Tu parles beaucoup, je suis discret / Quand je me lève, tu reste couché / Je dois pleurer en secret quand tu ris ». Ainsi, plus de bonheur mais une opposition difficile à vivre. L'atmosphère légère et joyeuse du premier texte est remplacée ici par la pesanteur d'un secret : « Toujours quand tu mens je veux te croire / Quand tu me trompe, je ferme les yeux ». Si « Zwitter » pouvait sous-entendre la description d'un couple, l'évocation est plus franchement explicite dans ce texte. En effet, Lindemann joue autour de cette notion secret et de mensonge : « tu » trompe « je » et « je » en souffre. Et si on ne lit pas attentivement le dernier vers de la chanson, on pense qu'elle parle d'un couple qui se fait du mal et se ment.
C'est à la lecture des derniers mot du texte, « Tu me regarde, me reconnaît / Miroir, miroir sur le mur », qu'il prend tout son sens et une plus grande profondeur. En effet, le narrateur semble être arrivé à un certain âge et lorsqu'il regarde en arrière, il à l'impression de s'être trompé lui-même, de s'être menti. La personne qu'il voulait être à l'aube de sa vie est loin de celle qu'il est devenu, il s'est trahi lui-même et en souffre beaucoup. Nous pourrions même aller jusqu'à dire que les deux chansons décrivent le même personnege, adolescent dans « Zwitter » et homme mature, voire un vieillard, dans « Ich weiß alles ». La dualité assumée de l'adolescence est devenue un véritable poids.

Au delà même de cette notion de double, les deux textes sont une métaphore de l'existence humaine. En effet, l'adolescent est plein de principes quant à la manière de mener sa vie future, le vieillard lui ne peut  que regarder en arrière et voir qu'il n'est pas devenu l'homme qu'il souhaitait être étant jeune. On peut ainsi dire que « Zwitter » est parfaitement en accord avec le reste des textes de Mutter qui prennent le point de vue de l'enfant/adolescent (ou traite plus généralement de ces problématique là). « Ich weiß alles » est d'une sincérité déconcertante : il semblerai que Lindemann aborde dans ce texte un vécu et un ressenti plus personnel. Le véritable auteur créant un narrateur de toute pièce (comme c'est le cas pour « Zwitter » et plus généralement dans l'album Mutter) devient un poète composant des textes plus personnels.

Cela me permets de dire quelques mots sur l'album Mutter. La critique que l'on peut faire à cet album, et que j'ai souvent entendu d'ailleurs, est le fait que certaines chansons restent froides et assez mécaniques. Je m'abstiendrait de faire le moindre commentaire sur la musique, toutefois je pense que cette « froideur » vient également des textes. Je crois que c'est l'album ou Lindemann présente des narrateur assez éloigné de ce qu'il est lui-même au moment où il écrit. S'il se met dans la peau d'un adolescent ou d'un enfant, on retrouve toujours une sorte de mise à distance très ironique. Les textes de Mutter (pas tous) manquent à mon avis de sincérité parfois.

Pour conclure sur le sujet initial, on peut dire que l'on trouve dans les textes de Lindemann des sujets récurants. Malgré leur thématique commune, « Zwitter » et « Ich weiß alles » la traitent de manière totalement différente proposant aussi des atmosphères diverses. Traité à presque quinze années d'écart, cela nous permet aussi de voir l'évolution, la maturité du point de vue de l'auteur sur un même sujet. Il me semblait ainsi intéressant de confronter ces deux textes. 

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