vendredi 6 décembre 2013

"Amour" - Reise, reise

Die Liebe ist ein wildes Tier
Sie atmet dich sie sucht nach dir
Nistet auf gebrochenen Herzen
Geht auf Jagt bei Kuss und Kerzen
Saugt sich fest an deinen Lippen
Gräbt sich Gänge durch die Rippen
Lässt sich fallen weich wie Schnee
Erst wird es heiß dann kalt am Ende tut es weh

Amour Amour
Alle wollen nur dich zähmen
Amour Amour am Ende
Gefangen zwischen deinen Zähnen

Die Liebe ist ein wildes Tier
Sie beißt und kratzt und tritt nach mir
Hält mich mit tausend Armen fest
Zerrt mich in ihr Liebesnest
Frisst mich auf mit Haut und Haar
Und würgt mich wieder aus nach Tag und Jahr
Lässt sich fallen weich wie Schnee
Erst wird es heiß dann kalt am Ende tut es weh

Amour Amour
Alle wollen nur dich zähmen
Amour Amour am Ende
Gefangen zwischen deinen Zähnen

Die Liebe ist ein wildes Tier
Sie atmet dich sie sucht nach dir
Nistet auf gebrochenen Herzen
Geht auf Jagt bei Kuss und Kerzen
Frisst mich auf mit Haut und Haar
Und würgt mich wieder aus nach Tag und Jahr
Lässt sich fallen weich wie Schnee
Erst wird es heiß dann kalt am Ende tut es weh

Amour Amour
Alle wollen nur dich zähmen
Amour Amour am Ende
Gefangen zwischen deinen Zähnen

Die Liebe ist ein wildes Tier
In die Falle gehst du ihr
In die Augen starrt sie dir
Verzaubert wenn ihr Blick dich trifft

Die Liebe ist ein wildes Tier
In die Falle gehst du ihr
In die Augen starrt sie dir
Verzaubert wenn ihr Blick dich trifft

Bitte bitte gib mir Gift
Bitte bitte gib mir Gift
Bitte bitte gib mir Gift
Bitte bitte gib mir Gift



Avec ce texte Lindemann aborde l'un de ses sujets de prédilection : l'amour et les peines qu'il nous cause. Toutefois, il ne se contente pas de décrire une énième peine de cœur, mais il semble avoir gagné une certaine maturité. En effet, l'Amour est personnifié sous les traits d'un « bête sauvage ». Cette capacité à la métaphore est la preuve d'une véritable maturité dans l'écriture et d'un recul prit par rapport au vécu et aux sentiments éprouvés.

Est présente ici une image chère à Lindemann, l'assimilation des sentiments et de la relation amoureuse à l'idée de traque. Toutefois, ce n'est pas la narration d'une séduction (comme c'est le cas dans « Du riechst so gut » ou « Waidmanns Heil »), mais la description de la manière dont on s'éprend. Nous, auditeurs, et narrateur, sommes la proie de l'Amour qui « Part en chasse autour de baisers et de bougies » et que nous voulons absolument « dompter ». Malheureusement, nous finissons « capturés entre [ses] dents ».

Cette « bête sauvage » sait se faire douce et agréable pour mieux nous toucher puisqu'elle « Dépose des baisers comme des ventouses sur tes lèvres / Creuse des couloirs à travers tes côtes / Se laisse tomber douce comme la neige / D'abord, ça devient brûlant, puis froid, à la fin ça fait mal ». C'est avec beaucoup de justesse que Lindemann décrit l'évolution du sentiment qui laisse d'abord une douce sensation mais qui fini par nous blesser parce qu'il s'immisce dans tout notre être, toute notre âme. Les deux premiers couplets témoignent de cette évolution : le vocabulaire du premier couplet évoque des choses agréables, les « baisers », les « bougies » même si on ressent un certain malaise (« cœur brisé »), la « bête » se contente de « te [respirer], te [poursuivre] ». Dans un deuxième temps, l'Amour se fait violent et torture le narrateur : « Elle mord, me griffe et me donne des cours de pieds / Me tient avec mille bras / Me traîne dans son nid d'amour / Me bouffe corps et âme / Me vomit après un jour ou une année ». On reconnaît ici l'aspect viscéral de l'écriture de Lindemann qui va jusqu'à décrire la digestion de cette bête, qui nous rabaisse plus bas que terre, nous réduit à de la simple nourriture.

La métaphore qui assimile l'amour à une « bête sauvage » est présente jusque dans les sonorités du texte avec des allitérations en R (que Lindemann fait particulièrement bien ressortir dans son chant) qui laissent entendre la respiration et le grognement de la créature en chasse. Ces sonorités se font d'ailleurs trainantes et réalistes sur le fin de chaque vers : « Tier », « nach dir », « Herzen », « Kerzen », « Amour », « nach mir », « Haar », « Jahr », etc.

« Amour » est une chanson au texte très riche. En plus de cette description, à la fois juste et imagée, de ce qui constitue la plus grande partie des vies humaines, le texte propose un jeu de miroir entre les pronoms « je » et « tu ». Au cours du premier couplet c'est le « tu » qui est à l'honneur, le narrateur s'adresse directement à l'auditeur, l'incluant explicitement dans son discours, rappelant ainsi qu'il décrit un sort commun à toute l'Humanité. Dans le second couplet le narrateur s'exprime à la première personne exprimant ainsi les douleurs profondes que cause l'amour dans nos cœurs et nos âmes. Ce glissement entre les deux couplets représente les deux personnes qui s'aiment et se rapprochent. Le troisième couplet, mélange entre les deux premier (alterne donc le « tu » puis le « je ») est sans doute l'image de l'union, l'entremêlement des deux êtres, jusqu'au déchirement final, puisque la phrase finale, répétée à quatre reprises, est un véritable appel à l'aide : « S'il te plaît, s'il te plaît, donne-moi du poison ». Ainsi nous sommes les proies, les prisonniers de l'Amour et la seule délivrance possible face aux souffrances de cet enlèvement et de ces tortures est la mort.

Marqué par les grandes thématiques chères à Lindemann, Sentiments – Violence, « Amour » est bien le texte de la maturité. La mise à distances des Peines de cœurs dans la capacité à les métaphoriser, et une maîtrise de l'écriture poétique dans ce qu'elle a de plus complet (les images produites et la composition même du texte) font de ce texte un des plus aboutis (selon moi) de Rammstein. 

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