Er wartet auf den Mittagswind
Die Welle kommt und legt sich matt
Mit einem Fächer jeden Tag
Der Alte macht das Wasser glatt
Ich werf' den Stein zu meinem Spaß
Das Wasser sich im Kreis bewegt
Der Alte sieht mich traurig an
Und hat es wieder glatt gefegt
Im weissen Sand der alte Mann
Zitternd seine Pfeife raucht
Nur das Wasser und ich wissen
Wozu er diesen Fächer braucht
Die Ahnung schläft wie ein Vulkan
Zögernd hab ich dann gefragt
Den Kopf geneigt es schien er schläft
Hat er bevor er starb gesagt
Das Wasser soll dein Spiegel sein
Erst wenn es glatt ist, wirst du sehen
Wie viel Märchen dir noch bleibt
Und um Erlösung wirst du flehen
Den Fächer an den Leib gepresst
Im Todeskrampf erstarrt die Hand
Die Finger mussten sie ihm brechen
Der Fächer bleibt zurück im Sand
Den Alten ruf ich jeden Tag
Er möchte mich doch hier erlösen
Ich bleib zurück im Mittagswind
Und in dem Fächer kann ich lesen
Das Wasser soll dein Spiegel sein
Erst wenn es glatt ist wirst du sehen
Wie viel Märchen dir noch bleibt
Und um Erlösung wirst du flehen
Das Wasser soll dein Spiegel sein
Erst wenn es glatt ist wirst du sehen
Wie viel Märchen dir noch bleibt
Und um Erlösung wirst du flehe
Ce texte évoque pour
moi la figure du Charon, le « nocher des Enfers ». Ce
vieil homme au bord de l'eau est sans doute une figure de passeur :
il fait passer les morts vers l'au-delà. Mais ce qui interpelle
c'est que le « nocher des Enfers » n'a plus de barque. Si
l'eau est abondamment évoquée (« eau », « vague »),
il n'est fait aucune mention d'un bateau. Le narrateur nous dit que
le vieux est « sur le sable blanc ». Il semble déchu, et
sans sa tâche à accomplir il ne peut que se laisser mourir (champ
lexical de la mort tout au long tu texte : « comme s'il
dormait », « mourir », « sa main se raidit »,
« agonie »).
Si le Passeur meurt, que
faire ? Le narrateur doit-il prendre sa place ? Ce dernier
est sur la rive (de quel côté?) et semble vouloir jouer (« je
lance la pierre pour m'amuser »), mais il est très vite gagné
par la mélancolie et la tristesse du vieil homme (« tristement »,
« doute »). Il doit prendre sa place et jouer à son tour
le rôle du passeur. Alors que le vieil homme est délivré de sa
tâche, c'est au narrateur de prendre le fardeau d'une éternité
monotone (« tu supplieras qu'on te délivre »).
Toutefois, le narrateur
ne peut accomplir sa tâche de passeur, j'ai déjà évoqué
l'absence de la barque. Il est condamné à resté sur la rive, ni
vivant, ni mort. « Combien de contes il te restera à vivre » :
l'utilisation du futur marque ici une impossibilité. En effet le
verbe « rester » associer à la vie n'a aucun sens au
futur. (Je ne commente pas son utilisation au passé.) Lorsqu'on
l'utilise au présent cette expression a déjà un sens de futur. Il
reste des choses à vivre à partir de maintenant, c'est à dire du
présent vers l'avenir. Ainsi utilisée au futur est un non sens. Le
narrateur n'a plus de vie, plus de futur. C'est pour cela qu'il
« supplieras pour qu'on le délivre ».
Solitude, mélancolie et
abandon transparaissent dans ce texte. Le narrateur a perdu le vieil
homme, il est perdu dans le néant, entre la vie et la mort. Il est à
l'état du passage éternel, c'est à dire du passage qui ne se fait
jamais. Il doit parvenir à lisser l'eau afin qu'elle devienne un
miroir qui lui renverra l'image de son existence. Mais est-ce bien
utile ? On sait déjà que l'image que lui renverra le miroir de
l'eau sera négative (« tu supplieras pour qu'on te délivre »)
et futile. En effet, l'expression de « conte de ta vie »
est très significative quand à la futilité de l'existence. Le
conte narre des histoire futiles, pour les enfants... Dans ce
contexte, l'image de l'éventail qui semble a priori difficile à
saisir, prend tout son sens. L'éventail brasse du vent, du rien, de
la futilité.
Ainsi, selon moi, le
texte parle du non sens de l'existence. Comme si l'homme était sans
cesse à l'état de souffrance : la vie n'est pas possible et
aucune mort ne vient le soulager. L'image du vieux passeur est une
métaphore de l'existence de l'humanité elle -même. Le vieux sait
que le vie n'a aucun sens mais la mort vient le délivrer. Avant de
mourir il passe le fardeau de la vie au narrateur (qui est jeune
puisqu'au début de la chanson il veut « [s']amuser »).
Alors son cœur n'est plus à la joie et la mélancolie le gagne. Le
fardeau de l'existence, il doit le porter longtemps, trop longtemps,
jusqu'à ce qu'il soit vieux à son tour et qu'il le passe à la
génération suivante.
Un
constat assez pessimiste/réaliste sur la vie... Évoqué avec
l'image d'un Charon déchu.
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